“JBL XVI - 1re journée de championnat

Voici notre deuxième match de la saison. Après avoir vaincu avec peine les Pourris de Patator en 1er tour de coupe, le coach espère nous voir gagner facilement contre ces unijambistes apathiques. Mais c'est sans compter sur la hargne des espagnols en manque d'Alexandrains.

- Laissez-moi passer ! Chaudes devant ! Faites place, je suis Emma !
- Bah pourquoi tu cries comme ça ?
- Jvais me les faire ! Dégage de mon chemin ! Je ne suis pas passée par le feu et la Mort pour échanger des paroles malhonnêtes avec un vil serpent !
- Bah, qu'est-ce tu racontes ? Elle débloque, elle débloque, je l'ai toujours dit...
- Gauffeuquie Ors-Elfe !
- Hein ?
- Laisse tomber, elle imite un ourson.
- Ah...

On est sur le pied de guerre. On joue pas dans la demi-mesure. Mais ils connaissent pas les Houpties, ces Elfes ! Ils vont avoir un réveil pénible. On a voulu être diplomates à cause de Patator, éviter que le sang coule. Mais maintenant c'est fini, on va les travailler en férocité, les faire marcher à coup de lattes ! À notre pogne, on veut les voir ! Et on vous promet qu'ils demanderont pardon, et au garde-à-vous !

Du coup on commence le match doucement. Premier pow, premier mort. Un petit Loner, ça peut pas faire de mal. Et l'autre espagnol là : Il a osé me frapper. Il se rend pas compte. Alors on continue, et pif, et paf. Et pi c'est qu'ils se remettent debout, les mains devant la tronche comme des boxeurs en garde. Ils en redemandent !
Bon, on les a laissé nous chatouiller un peu. On avait arraché des peaux de Pourris au match précédent... des scalps, comme dit Emma. Avant le match on a enfilé ça (j'vous raconte pas l'odeur), mais les Elfes n'y ont vu que du feu. Ils nous foutaient des coups, on en prenait plein la patate mais aucune douleur. Fières, droites, qu'on est restées. Et pi on rend les coups, en deux fois plus dur. Paske c'est bien beau de taper des Filles, mais faut savoir ce qu'on prend derrière.
Alors ils ont commencé à chialer, comme quoi ils s'étaient fait avoir par leur coach qui leur promettait d'aller en Playoffs. Pfff, ah la bonne blague ! Enfin on n'a pas voulu leur faire de peine, surtout au premier match de saison.
Alors bon on a tapé doucement après, quand même. Faut pas être trop vache non plus, leur laisser espérer un peu. Paske comme disait Léo, l'Espoir... Hein. Bref.
Du coup on marque tranquillement en huit tours, même si bon on est tombées sur quelques os en cours de route. Rien de méchant, des petites éraflures. Bon, Keira a chialé quand elle s'est ouverte la pommette, mais on n'en fait pas toute une histoire, nous autres.

Et puis là les Elfes ils commencent à avoir des doutes. Ils ont bien senti une odeur, mais ils mettaient ça sur le compte de la nouvelle, Helena, qu'avait fait les dessous de table. Et vu la tête des Pourris, fallait y aller sous la table. Enfin bref, la nouvelle recrue, c'est vrai qu'on a toutes cotisé pour lui trouver un savon de qualité. Alors les Elfes la regardaient de travers. Et pi nous on était bien contentes d'avoir nos peaux de Pourris. Jamais une Fille par terre, z'avez qu'à lire le journal si vous nous croyez pas.

Mais c'est là que les Elfes se réveillent, un p'tit coup de gingembre et ça repart. Ils nous font des passes les yeux fermés, se promènent entre nos jambes et puis filent ni vu ni connu vers l'en-but, ces cons. D'ailleurs, "cons", vous allez comprendre. L'autre, là, il passe tranquillou, il se retourne pour nous faire un pied de nez juste avant l'en-but, et clac. Torsion du genou. L'ambulance arrive et tout, la civière qui l'embarque. Pendant ce temps on cherche le ballon, pask'il était rendu introuvable. Forcément, z'auriez vu la motte de terre qu'il a retourné l'autre avec son claquage ! Enfin on le ramasse vite fait et puis on repart de l'avant. Après on fait la traversée du désert, les Elfes qui pleurent en silence et nous laissent passer. Helena qu'en profite pour s'essuyer les crampons, mais ils bougeaient encore.

Bon, pas de bonus. Mais on a échappé au match nul.
Et puis les Elfes, enragés, s'en vont juste avant la fin du match. Du coup les spectateurs aussi ; et notre cachet, pfiout également.
Pff. Ah il est beau le monde du spectacle. Non mais c'est pas croyable ça. Alors c'est nous qu'on fait le plus de morts, le plus de TD, et sous prétexte que notre jeu était pas assez... Pas assez quoi, d'ailleurs ? Rha les salauds, les fumiers.

Mais bon, le résultat est là, une victoire pour bien démarrer la saison. C'était prévu, t'façon. Le charisme, on partage pas.”